lundi 19 octobre 2015

MAN WATCHING THE STARS - Dusk

La beauté, terme subjectif et souvent sujet de discorde, peut avoir aussi un nom bien défini. Ou plutôt une entité qui la représente. L'univers de MAN WATCHING THE STARS est cette entité, cette beauté permanente qui s'accroche dans votre cœur et votre âme, une beauté pure, un nuage, qui se veut nostalgique, tragique, réconfortante ou tout simplement... éternelle.
MAN WATCHING THE STARS c'est un son, le son du violon de Brendan Paxton, un violoniste de Cincinatti (Ohio) qui démontre tout son talent à faire de cet instrument une marque sonore d'émerveillements.

Dusk est disponible depuis novembre 2014, en libre téléchargement. Les morceaux s’étalent, à trois exceptions près, entre 9 et 18 minutes, de quoi développer un univers, le faire vivre. Le violon est transformé, modelé, toujours dans ce cocon de réverbération, entre lignes basses et filtres nébuleux, où viennent s'accrocher mélodies sur cordes pincées, chargées en delay. Un procédé de superposition couches par couches, comme un flux d'émotions qui s'invite petit à petit. Nous voguons entre un flot de lumière, étincelant et habité, et le moment qui précède la nuit, la solitude en guise de tourment. Nous sommes dans une apesanteur rassurante, où le temps n'a plus d'emprise, léger comme une poussière d'étoiles poussée par des vents chauds. Il se dégage de cette beauté un sentiment de bien-être, un apaisement total, comme si nous étions seul dans un monde aérien, nos pieds flottant à travers des brumes qui délimitent la rougeur du soleil et le froid de la lune, finalement nous sommes les astres frémissant sous les vibrations d'un petit instrument en bois qui le temps d'un rêve devient le centre de tout.


MAN WATCHING THE STARS - Dusk (2014)

01. Fields
02. NN Serpentis
03. Avoir une Belle Journée
04. Beta Lyrae
05. The Earth Awoke
06. Alpha Ursae Minoris
07. Midday
08. Zaokrętować
09. Xi Hydrae

Lien Bandcamp : Dusk

dimanche 18 octobre 2015

CRANE' S DREAMS - Karelia

Au gré de mes recherches, de liens en liens, parfois avec un visuel qui fait mouche, un nom qui résonne, ou comme souvent juste de la simple curiosité et l'envie de découverte, on tombe sur des pépites, comme une lumière douce en pleine nuit.
CRANE' S DREAMS projet créé en 2011 en Russie, se voulait dans un style ambient drone, avant de se tourner vers des mélodies qui vous enveloppent entre cordes et piano. Un changement vers des mondes plus classical en gardant ce trouble ambient.
Le voyage, écrire et décrire les lieux visités à travers le son, voilà comment on pourrait résumer CRANE' S DREAMS. L'homme derrière ce nom aime parcourir les routes et transposer son immersion des endroits vus.

Karelia, EP 4 titres disponible en libre téléchargement nous plonge entre les lacs et forêts de la Carélie, au nord-ouest de la Russie. Камни délivre un premier paysage naturel, sons d'oiseaux avec en premier plan une voix tirée du film А Зори Здесь Тихие et une guitare jouant une mélodie sans fin. Le piano s'installe au fur et à mesure pour finalement trouver sa place, une vraie osmose entre les deux instruments. Северная Тишина s'envole sur le même format, le même procédé, une guitare qui ouvre avant l'approche des notes de piano. Un beau crépitement et les nappes aériennes donnent un effet de brouillard qui procure une sensation de légèreté, qui est confirmée par la reprise de la mélodie dans un son de guitare typé post-rock. On reste dans cet envoûtement sur Кемь, avec une mélodie qui ne nous quitte plus, avec une nature qui renaît et s'enivre sur le début de Карельский Лес avant de laisser place à un piano profond et brumeux. On savoure les yeux fermés debout entre les arbres, les gouttes de rosée qui traversent la brume pour pénétrer l'eau froide des lacs, la vie qui s'éveille, doucement, lentement, en suivant la trace des premiers rayons de soleil, comme si la nature jouait sa propre mélopée.
Un travail sublime avec une discographie qui se complète dans un ensemble passionnant, avec cette démarche de proposer le tout gratuitement. Un monde sonore personnel mais qui nous donne cette faculté de voir des lieux à travers les émotions d'un autre. Sublime.

PS : De superbes photos accompagnent le téléchargement de l'EP, une carte postale qui accompagne votre écoute musicale.





CRANE' S DREAMS - Karelia (2014)



01. Камни
02. Северная Тишина
03. Кемь
04. Карельский Лес

Lien bandcamp : Karelia

jeudi 15 octobre 2015

ABUL MOGARD - Circular Forms

ABUL MOGARD projet étonnant et envoûtant nous vient de Serbie. Entre sonorités profondes et nappes aériennes, l'univers minimal se développe et évolue comme un cycle hypnotique. Une première sortie avait vu le jour en 2012. Un morceau comme Drooping OFF issu de cette première offrande pose les bases de ce que peut propose ABUL MOGARD, une danse sourde qui monte progressivement dans un déferlement sonore habité. On est porté, entraîné, notre esprit se laisse guider pour jouer avec nos émotions.
Drifting Heaven sort en 2014, VCO Recording le propose en format cassette, sinon disponible en téléchargement. Le voyage est sublime. Le procédé reste le même, mais une certaine diversité se dégage de l'ensemble. Le rythme lointain de Tumbling Relentless Heaps avec ses sons qui tourbillonnent au dessus de nos têtes, comme un affrontement entre ciel et terre. La mélodie hachée qui oscille telle une vague sur The Other Room ou encore le firmament stellaire qui se développe sur Unarmoured Love.

Circular Forms sorti en septembre dernier, disponible en téléchargement ou en vinyle chez Ecstatic Recording, se veut plus uniforme, plus compact. Le style du projet est immédiatement reconnaissable, son aisance à faire monter, évoluer, mouvoir ses morceaux, toujours en gardant cette folie expérimentale mais totalement maîtrisée, fait partie intégrante du voyage. Bound Universe et son arpégiateur digne des plus belles phrases de Tangerine Dream de la grande époque. Les nappes légères de Half Light Of Dawn saupoudrées d'une basse ronde où se mêle le crépitement typique d'ABUL MOGARD. House On The River se concentre sur une apesanteur sonore où résonne un battement de vie venu des profondeurs. Un album en quatre phases, qui se complètent à merveille. En gardant sa force et son savoir faire, ABUL MOGARD arrive toujours à se renouveler, à proposer un rendu unique et finalement plein de surprises de son univers. Un attachement à garder ses bases solides pour en explorer les moindres recoins. En trois actes, la discographie proposée construit un vrai trésor sonore et une identité forte.


 ABUL MOGARD - Circular Forms (2015)

01. Slate-Coloured Storm
02. Bound Universe
03. Half Light Of Dawn
04. House On The River

Lien Bandcamp : Circular Forms

IAN WILLIAM CRAIG - Theia And The Archive

Ian William Craig est un touche à tout, aussi bien dans l'explosion visuelle que dans l'expérimentation sonore. Deux univers finalement étroitement liés quand on se penche sur le travail de l'artiste. Un pont réunissant deux moyens d’expression, pour une totale complémentarité.

Theia And The Archive est sorti en 2014, au format digital et en libre téléchargement. Il se dégage de cette œuvre un sentiment étonnant. Comme une tristesse réparatrice, un jour de pluie si coloré. On se laisse porter, entre moments aériens, crépitements impromptus et mélodies enivrantes. Justement ses mélodies sont rares, mais bienvenues et libératrices. Elles imposent toute leur beauté dans un nuage de manipulation sonore. Le piano est notre vrai repère, notre libérateur. Il prend place subtilement, jongle avec le fracas d'une saturation joueuse, comme s'il partait dans les profondeurs mais sans jamais réellement nous quitter (Our Loosening Orbit). Il se suspend au ciel, maintenu par une nappe harmonieuse et floue à la fois (House And Universe). L'envol a ce quelque chose de surprenant, surtout lorsqu'il est inattendu, Lowest Arc Suite le prouve avec grâce entre délicatesse et brutalité, un mouvement sonore qui se construit doucement, pour finir par s'envoler au delà de la conformité.
Ian William Craig est joueur, il manipule son monde, le façonne dans un relief déroutant, il alterne entre bruits, parasites, fonds sonores et notes de l’émerveillement. L'ombre toujours en retrait mais bien réelle se laisse bercer par les couleurs vives, comme une ronde dont elle serait l'élément central, et qui finirait par sourire sous le mouvement des traits lumineux qui dansent autour d'elle.


IAN WILLIAM CRAIG - Theia And The Archive (2014)

01. A Small Metre Of Winter
02. The Always Mountain
03. Lowest Arc Suite
04. The Ticket Is No Sacred Grove
05. Torsion Self
06. Out Loosening Orbit
07. Our Last Collision
08. Remainder
09. Sennelier
10. House And Universe
11. Lowest Arc Reprise

Lien Bandcamp : Theia And The Archive

mercredi 14 octobre 2015

GHASTLY NIGHT - Dark Waters

GHASTLY NIGHT est un projet Danois (Copenhague), à l'univers dark ambient et drone, proposé dans un format digital et en libre téléchargement. DARK WATERS, sorti en février 2014, nous plonge dans un souffle râpeux et sec, modelé comme une apnée sans fin. Un tourbillon aride déversant un flou glacial dans un monde où nous sommes... seuls, isolés du temps... Les repères sont minces et nous dérivons dans une bulle sonore spectrale et granuleuse.

L'ouverture sème le trouble, chuchotement d'un voyage sans retour, et se poursuit singulièrement avant le réveil de nos propres démons aux sons de THE ABYSS. Un chant sourd et permanent, venu d'un gouffre sans fin, appelant le reste de vie dans ce monde désolé et désertique. Minimal où la notion de mélodie n'existe pas, DEFLECT happe le silence et impose une apocalypse déjà morte. Une entité sonore, qui s'infiltre tel un parasite dans nos veines et dessèche le peu d'espoir de voir une végétation luxuriante danser sous un ciel bleu réconfortant. L'emprise est sans couleur, et seules les nuances de gris règnent et imposent une vision crépusculaire. ENSHROUD MY CARCASS médite sur notre forme en tant que poussière, plaquée, oppressée, grain après grain, contre un sol froid et destructeur pour finir ensevelie... seule, isolée du temps...



GHASTLY NIGHT - Dark Waters (2014)

01. DARK WATERS
02. CATARACTS OF THE RAVINE
03. THE ABYSS
04. DEFLECT
05. RIVET
06. RECOIL
07. ENSHROUD MY CARCASS

Lien Bandcamp : Dark Waters

mardi 13 octobre 2015

Les Mondes Sonores

Les Ondes Parasites, chroniques des mondes sonores, est un regard sur l'univers musical ambient, drone, post-classical et autres recherches émotionnelles à travers le son.

L'émotion musicale est intime, elle peut se vivre à plusieurs, mais reste liée à notre propre ressenti. Le domaine ambient propose en général de vivre des expériences sonores intenses et immersives pour peu que l'on soit sensible et réceptif à ce monde captivant.

Ce blog est là pour partager, artistes, projets ou autres formes qui proposent des alternatives musicales à travers des mondes sonores non liés à une certaine norme.